J’aime le sentiment de culpabilité

 
Ce n’est pas par masochisme que j’aime le sentiment de culpabilité, c’est parce qu’il me connecte à quelque chose de beau chez moi et les êtres humains.

Se sentir coupable

Être coupable, c’est avoir transgressé une règle et avoir été condamné. Quand je me sens coupable, c’est autre chose. C’est quand je perçois que je me suis comportée d’une manière qui ne me plait pas, qui m’éloigne de qui j’ai envie d’être.
C’est là qu’il y a quelque chose de mystérieux et de rassurant : la plupart des gens que je connais partage cette envie d’être une bonne personne. Je ne sais pas d’où vient cette volonté, mais je la trouve fascinante. Elle fait des humains et de moi des gens attachants.

Utiliser le point d’interrogation

Concrètement, j’ai appris à utiliser ce sentiment de culpabilité comme un gros point d’interrogation : « ai-je agi d’une manière qui me déplait ? ». Cela mérite réflexion. La réponse n’est pas toujours immédiate. Il s’agit d’un doute. Ce doute amène un temps de réflexion, de pensées, qui se terminera par une évaluation. Ensuite seulement pourrai-je agir : modifier mon comportement ou le maintenir, présenter des excuses le cas échéant ou chercher à réparer les éventuels dommages.

“Dubito, ergo cogito, ergo sum” (je doute, donc je pense, donc je suis) dit Descartes en compactant ses écrits, faisant une place centrale à la pensée, ce processus crucial selon Hana Arendt, Max Weber, John Dewey… pour identifier et assumer ses responsabilités.

La facette nuisible de la culpabilité 

Le sentiment de culpabilité peut facilement devenir toxique. Si je me réduis à ce sentiment, je peux m’identifier à lui et en déduire plus ou moins consciemment que je suis une mauvaise personne. La réaction est alors souvent un rejet du sentiment de culpabilité pour ne pas vivre cet inconfort. Il s’agit de ce qu’on appelle un mécanisme de défense : plutôt que de faire face à la situation (j’ai agi d’une manière qui me questionne), je combats l’inconfort et cherche à l’effacer. Je retire le signal.

Le second souci du sentiment de culpabilité apparait dans la relation. Il est souvent lié à une impression de contrainte. Quand je ressens de la culpabilité dans la relation, je vais rapidement percevoir que mon interlocuteur veut que je me comporte différemment. C’est parfois le cas, parfois non, mais mon énergie va se mobiliser pour éviter la contrainte. Il s’agit aussi d’un mécanisme de défense qui m’éloigne de la situation. Il m’empêche de questionner tranquillement si j’ai agi d’une manière qui me déplait.

Les deux soucis peuvent se cumuler et amener des réactions rigides et inopérantes.

Comment faire ?

L’antidote dans les deux cas est de me connecter à mon envie d’être quelqu’un de bien, une envie rassurante sur qui je suis et très présente dans ces moments. Elle m’amène à me faire confiance sur ma capacité à penser puis à corriger ce que je souhaiterai corriger.

C’est par cette pensée, ces questionnements éthiques que naitront mon évaluation et mon jugement. C’est en ayant confiance dans ce processus de doute que j’entrainerai ma faculté à discerner le bien et du mal et que j’orienterai mes actes vers qui je veux être.

Rose Christin 

Et vous ?

Comment vivez vous la culpabilité ? Avez- vous envie de changer quelque chose ?  Vos questions et vos retours sont les bienvenus, contactez-nous !