La semaine de 4 jours : que faut-il en penser ?
Dans un contexte de questionnement général sur la place et le sens du travail, la semaine de 4 jours peut être vue comme un facteur d’attractivité et de fidélisation pour les entreprises, une réponse à une recherche d’épanouissement et d’un meilleur équilibre pro/perso par les salariés. Mais qu’en est-il vraiment ?
Sur la base de notre expérience d’accompagnement des entreprises, et de la communauté « Energise ta boite » lancée en mars 2023 (qui regroupe à ce jour les représentant de plus de 50 entreprises Rhône-Alpines), Odile Jousselin vous livre ici quelques éléments de réflexion (*).
De quoi parle-t-on ?
Avant toute chose, il est important de clarifier ce que l’on entend par semaine des 4 jours.
S’agit-il de conserver une base de travail de 35h/semaine à réaliser en 4 jours, (ce qui pourrait se traduire par une augmentation de l’amplitude horaire journalière des salariés d’1h45 ou une diminution/suppression des jours de RTT pour les salariés au forfait).
Ou bien de diminuer le temps de travail pour passer à des semaines de 32 voire 28h ? Et dans ce cas, se pose la question du salaire, qui va conditionner en grande partie l’acceptabilité du changement par les salariés : le salaire mensuel sera-t-il maintenu ou ajusté au temps de travail, ce qui reviendrait à une forme de temps partiel généralisé.
Quelque soit la formule, cela n’est pas sans poser plusieurs questions : Est-ce un rythme soutenable pour l’entreprise et ses salariés ? Sans adaptation de l’organisation du travail, donc à charge équivalente, n’y a-t-il pas risque de surmenage ? Est-ce applicable à tous les salariés ? Quelles modalités de mise en place choisir (jour fixe ? au choix des salariés ?…) Quel impact pour les parties prenantes de l’entreprise (ex. : les services proposés pourront-ils être maintenus ?)
Avant de se lancer
Pour mettre en place un projet aussi structurant il est indispensable que le dirigeant soit au clair sur ses motivations, sur ce qu’il en attend, sur les limites qu’il souhaite poser et sur la façon dont il souhaite y associer les différentes parties prenantes de son entreprise.
Il est important qu’il soit « outillé » et puisse s’appuyer notamment sur des processus pour gérer la prise de décisions et choisir ce qu’il va décider seul, ce qu’il va décider après concertation des employés, ce qui va être co-décidé et les décisions qui vont être déléguées… mais également des processus de type « intelligence collective » pour favoriser la co-construction et les soutenir le dialogue social.
Le dirigeant se sent souvent seul dans cette phase de réflexion qui précède le lancement du projet : vers qui se tourner pour partager ses interrogations, bénéficier de conseils de pairs ayant déjà franchi le pas, être sûr de se poser les bonnes questions ? Les réseaux professionnels (Associations de dirigeants, Réseaux d’entreprises, CCIs…) les organismes tels que l’ANACT, certaines chaires universitaires offrent de précieuses ressources. Nous saluons d’ailleurs l’initiative de la région Occitanie qui a monté un dispositif conjoint avec l’ANACT et le CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) pour permettre aux dirigeants de bénéficier de conseils et d’outils de diagnostic pour les aider à décider s’ils se lancent dans ce projet (ou pas).
Un changement plus global
Ce qui nous parait incontournable, c’est que ce changement soit utilisé pour entamer une réflexion de fond sur l’organisation du travail et le management, qui aboutisse à un « mieux travailler ensemble ». S’arrêter à une vision « mécanique » de la semaine des 4 jours serait prendre le risque de passer à côté des vraies aspirations des salariés et des besoins de l’entreprise.
On assiste à une tendance globale d’évolution/transformation de nos modes de travail et le « travail de demain » est en train de s’inventer : la question qui est posée aujourd’hui, et en particulier par les nouvelles générations, n’est plus de travailler plus ou moins mais de mieux travailler.
Il est donc essentiel que l’organisation soit discutée et coconstruite avec les collaborateurs qui, en étant impliqués dans les décisions, y verront une forme de reconnaissance et un véritable levier pour se sentir mieux au travail. C’est en arrivant à faire ceci que l’entreprise dans sa globalité s’y trouvera gagnante.
Pour cela, nous préconisons que l’entreprise soit accompagnée dès le démarrage du projet afin d’évoluer vers un modèle organisationnel et managérial qui permette plus de responsabilisation, d’initiative, de reconnaissance, de sens et de confiance.
C’est la mission que nous nous sommes donnés chez Co’effy : qu’il y ait ou non semaine des 4 jours, nous avons à cœur d’accompagner les entreprises à mieux travailler, à devenir des entreprises à énergie positive, c’est-à-dire des entreprises qui donnent plus d’énergie aux personnes qu’elles ne leur en prennent.
(*) Si cela vous intéresse, nous animons un groupe de réflexion et de partage d’expérience sur la semaine des 4 jours dans le cadre de la communauté Energise ta boite.
Si vous souhaitez en savoir plus ou le rejoindre, contactez Odile Joussellin odile.joussellin@coeffy.fr