Travailler en équipe est incontournable dans de nombreuses entreprises. Pourtant, cela ne va pas de soi et l’efficacité collective est un subtil équilibre qui nécessite une prise en compte à part entière.
Pourquoi certaines équipes travaillent de façon fluide et constructive tandis que d’autres dysfonctionnent et sont le terrain de vifs conflits ?
S’il n’y a bien évidemment aucune « recette » universelle prédéfinie, la performance collective dépend d’un certain nombre de facteurs sur lesquels il est possible d’intervenir.
Pour approfondir cette question de l’efficience du travail en équipe, voici une interview de Nathalie Eichert, Coach entreprise certifiée, accompagnement managérial & RH, formatrice, et médiatrice au sein de Co’Effy (Grenoble 38).
1) Lors de vos interventions actuelles dans les entreprises, qu’observez-vous en matière de qualité du travail en équipe ?
Nathalie Eichert : « Un travail en équipe harmonieux et de qualité est un sujet complexe et qui ne va jamais de soi, quelle que soit la période. Le COVID et les différents épisodes de confinement, avec l’éloignement provoqué parmi les équipes, sont venus ajouter des difficultés en la matière.
D’après ce que j’ai pu observer, beaucoup d’équipes ont souffert de ce contexte exceptionnel et cela a souvent renforcé des dysfonctionnements déjà présents mais plus ou moins latents.
Certaines équipes m’ont ainsi rapporté qu’au cours des périodes de confinement, pendant deux ou trois mois, elles n’avaient eu pratiquement aucun contact avec leur manager. Les collaborateurs étant livrés à eux-mêmes, chacun définissait ses propres règles de travail et de fonctionnement (ou pas !) avec les autres.
Le fait d’être éloignés les uns des autres, de ne pas pouvoir échanger de façon aussi fluide qu’au bureau, ou tout simplement l’absence de temps informels pour nourrir une relation de qualité entre les uns et les autres a beaucoup pesé sur les fonctionnements d’équipe. »
2) Quels sont les freins, blocages ou problèmes que les équipes rencontrent fréquemment et qui les empêchent de fonctionner de façon pleinement efficiente ?
Nathalie Eichert : « Généralement, il y 3 axes sur lesquels j’observe des difficultés :
- « Qui fait quoi » ou la bonne définition du périmètre de chacun: très souvent, il existe des sujets pour lesquels les rôles et attributions de chacun n’ont pas été clairement définis.
Cela donne lieu à des questionnements du type : « Est-ce à moi de le faire ? Est-ce à mon collègue ? ». Dans le doute, certains ne prennent aucune initiative, d’autres se marchent sur les pieds et cela crée inutilement des tensions.
Ceci a un lien direct avec l’efficience de l’équipe au sens où on touche ici à la responsabilité, la redevabilité de chacun envers l’équipe ou le projet.
- « Comment travaille-t-on ensemble ? » ou l’aspect organisationnel du travail collectif: comment améliorer la façon de travailler ensemble ? Quels processus met-on en place pour mieux collaborer ? Cette question n’est, en général, jamais posée.
Souvent, il existe des réunions, comme par exemple la réunion hebdomadaire, où chacun décrit où il en est de ses tâches. Mais on n’y aborde généralement pas les sujets d’efficacité collective, à savoir comment faire pour que les choses avancent plus efficacement au niveau de l’équipe.
Pour travailler sur cet aspect, nous nous appuyons notamment la théorie organisationnelle de Berne, les méthodes agiles ou les processus performants issus des démarches d’entreprises libérées.
- « Comment savons-nous relationner ? » : le lien et la communication entre les uns et les autres, ou l’aspect relationnel: c’est ce qui fait la qualité de la relation, source de confiance et d’envie de collaborer.
Les membres d’une équipe se connaissent en général assez mal, voire pas du tout, ce qui créé des jeux relationnels, source de difficultés pouvant conduire à des tensions ou des conflits.
Et cela ne permet pas de créer un environnement de sécurité relationnelle, où chacun va pouvoir s’appuyer sur les qualités des uns et des autres. C’est pourtant une dynamique essentielle et à l’œuvre dans toutes les équipes performantes.
Dans les entreprises avec lesquelles je travaille, j’observe systématiquement des problèmes sur au moins l’un de ces trois pôles, quand ce n’est pas sur les trois… »
« Comment améliorer notre façon de travailler ensemble ? Cette question n’est, en général, jamais posée. »