La semaine de 4 jours
La semaine de 4 jours … Attention : Sujet d’actualité !
Vous aussi, vous êtes abreuvés par les médias d’idées et de conseils sur la S4J ? Peut-être que l’idée vous inspire (génial !), qu’elle vous challenge (cap ou pas cap ?), ou qu’elle vous semble utopique …
Quoi qu’il en soit, si vous vous êtes posé, ne serait-ce qu’une fois, la question pour votre propre entreprise : « Alors, la semaine des 4 jours … On y va ? On n’y va pas ? ». Cet article est pour vous.
Car la question est complexe :
Si on y va, quelle formule – on reste à 35h sur 4 jours, ou on passe à 32, à 28 ?
Moins de jours pour le même salaire ? Mais quid de la rentabilité …
On prend tous le même jour off ? mais quid de la continuité d’activité …
Tout le monde y passe ? Mais quid de la productivité …
Ou seulement les fonctions « bureaux » ? Mais quid de l’équité …
On déploie d’un coup – ou on commence par une équipe pilote ? …
Entre le souci d’attractivité, de bien-être au travail, d’efficience et de résultat, on ne sait plus à quel saint se vouer. Chez Co’effy, ce sujet est au cœur de nos préoccupations : il touche aux thèmes qui nous sont chers d’organisation du travail, de pratiques innovantes, d’efficience et d’engagement au travail.
Voici comment nous l’avons abordé.
Nous avons la conviction qu’au-delà de la masse d’informations qui circule sur cette thématique complexe dans les médias, ce dont nous avons besoin pour nous faire une idée, c’est d’échanges concrets avec ceux qui ont vécu l’expérience et qui en parlent avec sincérité, dans leurs réussites autant que dans leurs échecs.
Dans notre communauté Energise ta Boite, nous mettons en lien des entreprises, des collectivités, des associations, des étudiants et des chercheurs pour échanger et se soutenir dans l’innovation managériale et organisationnelle, pour construire l’entreprise de demain.
A la demande de plusieurs membres de la communauté, nous avons lancé un groupe de réflexion et de partage sur la mise en place de la semaine des 4 jours. Deux rencontres ont déjà eu lieu, avec des experts et des « faiseux » :
- Une rencontre avec l’ANACT et un cabinet spécialisé
- Un partage autour du retour d’expérience de deux structures ayant mis en place la semaine des 4 jours
Nous avons abordé ce sujet le 8 juin avec Audrey Schembri, Directrice Innovation et Communication chez Isère Habitat (semaine de 4 jours en place et bien implantée depuis 1998) et Clément Gaudio, DRH de Photoweb (plusieurs expérimentations mitigées de la semaine de 4 jours au sein du groupe Exacompta), avec la participation d’un groupe de managers, dirigeants et RH de différents horizons. Merci à eux pour leurs témoignages et leurs réflexions.
Voici quelques pépites qui en ont émergé et que nous vous partageons sur le sujet !
Adaptez, co-construisez
Pas de dogmatisme ni de modèle tout fait ! En termes d’organisation du temps de travail, construisez un format adapté à votre structure, voire aux équipes, voire aux personnes. Votre modèle doit répondre aux besoins de l’entreprise et à ceux des collaborateurs.
Chez Alpes Isère Habitat, le constat est très positif, avec l’analyse que temps personnel dégagé permet aux salariés de se régénérer – voire de vivre des expériences personnelles qui irriguent avantageusement leur vie professionnelle.
Chez Exacompta, le modèle n’a pas reçu un accueil unanime.
Avant de vous lancer, validez les besoins en amont : ça vous évitera peut être de vous tirer une balle dans le pied …
- Attention aux à priori !
Les salariés ne sont pas forcément intéressés par la semaine de 4 jours … ne prenez pas pour acquis que tout le monde en veut.
La mise en place de la semaine de 4 jours peut booster l’attractivité de l’entreprise, dans une période où la qualité de vie au travail et la place accordée à la vie privée sont des facteurs clé de décisions pour les candidats. Néanmoins, l’une de nos témoins relativise les effets de cette attractivité : si dans les premiers temps ce modèle attirait les candidats au recrutement, son effet s’amenuise dans le temps et a aujourd’hui moins d’impact que le salaire.
- Co-construisez avec vos clients : vous facturez vos clients à la journée, la semaine de 4 jours impactera le service que vous fournissez ? Parlez-en, travaillez avec vos clients pour organiser le temps de travail en maîtrisant votre niveau de facturation. Facturation au résultat, augmentation du taux de facturation (facturer 1,25/1J), mise en place de binômes pour maintenir une activité 5J/5 …
- Co-construisez avec les équipes : Quelles sont les attentes ? Abordez le sujet, générez des réflexions participatives sur l’organisation du travail, récoltez de l’info pour vérifier les freins et les envies avant de vous lancer. Vous ferez peut être émerger d’autres possibilités ou modes de fonctionnement, possiblement différents de la semaine de 4 jours, qui correspondent aux besoins de vos salariés.
Expérimentation et ajustement : restez flexibles
Pour une transformation aussi structurante, sécurisez votre démarche en vous autorisant de petits pas et des retours en arrière s’ils s’avèrent nécessaires.
- Gardez un esprit d’expérimentation : dès le départ, présentez la démarche avec des scénarios de retours en arrière. Ils sont possibles, même parfois souhaitables – donc à anticiper.
- Cette flexibilité permet également d’expérimenter des modalités intéressantes pour les métiers qui nécessitent plus de présence à certaines périodes et dont la modularité du travail peut se penser sur l’année et non hebdomadairement.
La Productivité, oui mais …
Passer à la semaine de 4 jours pose la question de la productivité. C’est le pari de réussir à faire mieux – ou aussi bien – en moins de temps. C’est miser sur plus d’efficience, plus de motivation, sur l’optimisation du fonctionnement pour contrebalancer une baisse du temps de travail.
Ce qui a émergé des échanges dans nos rencontres :
- La productivité, oui ! Nos témoins constatent une meilleure productivité, notamment avec des réunions devenues plus courtes, mieux préparées et plus efficaces … Un temps plus condensé a apporté une réelle attention à l‘optimisation du facteur temps.
- La productivité, oui mais … c’est aussi la densification du travail : des journées plus remplies, plus longues, qui peuvent générer plus de fatigue.
Il y a donc un dosage fin et un équilibre organisationnel à trouver pour réconcilier la quantité de travail, la qualité du travail et le bien être des équipes.
Le couple Responsabilité – Pression
Le passage à la semaine de 4 jours remet en question la logique du management basée sur le temps de présence et de travail, pour s’inscrire dans une démarche plus « orientée résultat »…
- Concrètement chez nos témoins, les salariés se responsabilisent plus, attachés à atteindre des objectifs parfois plus explicites. Le focus sur l’objectif est renforcé
- Le risque essentiel de cette logique est la fragilisation de la frontière entre temps professionnel et le temps personnel. Quand l’objectif pilote l’action, les frontières de la journée de travail peuvent basculer au second plan. Un risque que les professionnels qui travaillent au forfait rencontre déjà – travailler le soir ou le weekend pour boucler une tâche attendue – , peut-être exacerbé du fait de la réduction de la plage professionnelle et de l’ouverture de la plage personnelle. Une piste pour éviter les dérives est la mise en place d’un suivi de la déconnexion et du temps de travail par le management, avec un accompagnement réel quand c’est nécessaire.
En quelques mots, nous retenons que la semaine de 4 jours a porté de très beaux fruits chez certains et soulevé des retours plus mitigés chez d’autres. En revanche, c’est une formidable occasion de repenser la logique d’organisation du temps de travail pour l’adapter aux enjeux de l’entreprise et de ses parties prenantes. Quel est VOTRE « bon » modèle ?
Si ce format de rencontre entre pairs et experts vous intéresse pour explorer ce thème, ou d’autres pratiques managériales et organisationnelles innovantes au service de l’Entreprise à Energie Positive … contactez Odile.jousselin@coeffy.fr.
Elle vous parlera d’Energise ta Boite et des possibilités de cette belle Communauté.